Oscar Pistorius, la grande vedette des Jeux paralympiques, a décroché mardi soir son ticket pour le 400 m de Daegu (Corée du Sud) fin août, où le Sud-africain, amputé des deux jambes, sera le premier athlète handisport à courir avec les valides dans un Championnat du monde d’athlétisme.
A 24 ans, le quadruple champion paralympique est en passe de réaliser son rêve : figurer aux Mondiaux et aux Jeux olympiques sur la ligne de départ aux côtés des meilleurs spécialistes de la planète. Lors de la réunion d’athlétisme à Lignano Sabbiadoro, en Italie, Oscar Pistorius a bouclé le tour de piste en 45 s 07, pulvérisant son record personnel de plus d’une demi-seconde.
Mais l’athlète qui court à l’aide de prothèses en forme de pattes de félin est surtout passé sous le chrono de 45 s 25 que la fédération sud-africaine avait fixé comme minima pour une sélection pour les Mondiaux lors de cette réunion, qui était pour lui celle de la dernière chance. "C’est un sentiment un peu surréel d’avoir le temps de qualification A en poche en vue des JO l’année prochaine", a posté dans la foulée sur Twitter celui que l’on surnomme "Blade Runner". "Je ne peux pas dormir, je suis trop content. Je souris comme un idiot en permanence", a-t-il poursuivi, remerciant son entraîneur, et tout le monde pour le soutien qu’il a reçu.
Au niveau des meilleurs
Né sans péroné à cause d’une maladie congénitale, amputé sous les genoux à l’âge de 11 mois, Pistorius s’est construit avec le sport et cette envie de courir. Après avoir accumulé des succès dans des compétitions handisport, le Sud-Africain s’est retrouvé sans le vouloir au centre d’une controverse, dès lors qu’il a commencé à être invité dans des épreuves phares d’athlétisme avec les valides. Début 2008, la Fédération internationale d’athlétisme (IAAF), se basant sur les conclusions d’un rapport commandé à un expert allemand, lui interdit de participer à des compétitions sous son règlement, au prétexte que le Sud-africain tirait avantage de ses prothèses en fibre de carbone.
Mais au printemps suivant, Oscar Pistorius obtenait gain de cause en mai 2008 devant le Tribunal arbitral du sport (TAS) qui infirma la décision de la fédération internationale. Malgré le feu vert juridique, l’athlète n’est pas parvenu jusqu’alors à participer à un grand rendez-vous de valides, faute d’avoir réussi sur la piste les minima requis. Avant sa victoire mardi soir, Pistorius n’avait que le quatrième temps parmi les spécialistes sud-africains du 400 m, chaque nation ayant droit de sélectionner trois athlètes pour les Mondiaux ou les JO à condition qu’ils remplissent les minima A, et un seul s’ils font au mieux les minima B. Avec son nouveau chrono personnel, qui fait de lui le deuxième meilleur Sud-Africain, il aurait pu finir cinquième aux Jeux Olympiques de Pékin en 2008 et quatrième aux Championnats du monde 2009.